J’ai un peu le cul entre deux chaises, entre mes origines très « classes moyennes » et mon quotidien dans les 5% des Français les plus riches. C’est une donnée plus statistique que culturelle. Au quotidien, je ne me sens pas si « classe dominante » que çà.
Pour illustration, ci-dessous 10 choses que je n’ai pas adoptées lors de ma transition de classe :
- avoir du personnel: pour moi, pas besoin de nounou ni de jardinier. Mais surtout, je ne veux pas avoir de femme de ménage. Je n’ai aucune passion pour les tâches ménagères, mais je n’ai pas envie de gérer une tierce personne. Mes 62 mètres carrés ne sont pas une tâche insurmontable.
- avoir un héritage conséquent: je viens de la classe moyenne. Changer moi-même de classe sociale n’a pas magiquement changé le capital financier que mes parents me lègueront. D’ailleurs, je leur ai toujours dit de tout claquer et de ne pas être les plus riches du cimetière. Je préfère avoir mon propre argent que je gagne moi-même par mon travail… Et éviter les embrouilles avec mon frère, qui est lui bien resté dans sa classe sociale d’origine.
- avoir des bijoux ou des meubles de famille: pas de ça chez moi. Je choisis les objets qui passent le seuil de mon domicile. Je ne m’encombrerai pas du bazar d’autrui, surtout pas celui de mes ascendants.
- utiliser des sobriquets sophistiqués: appeler mon grand-père « grand-père »? Non. J’ai toujours dit « pépé », parce que c’est comme çà dans le Sud, dont je suis culturellement originaire, malgré toutes mes protestations (bientôt 20 ans à Paris, comment se réclamer du Sud?).
- avoir une résidence secondaire/une maison de famille: même si je fantasme sur un coin de vert, il serait uniquement pour moi. Même si ma mère a hérité d’un tas de pierres sur une pente de la Haute-Ardèche, je ne considère pas que ce soit une « maison de campagne ». Même mes parents qui habitent à une heure et demie de route n’y vont jamais.
- avoir des amis ou de la famille qui ont des résidences secondaires: dans mon réseau, il y a sans doute quelqu’un qui en a une, mais je n’y ai jamais été invitée. Je ne dois pas être de bonne compagnie…
- porter des mocassins et des serre-tête en velours: ce n’est pas Versailles ici… J’habite dans le 95. Je porte des marinières, ceci dit.
- pratiquer une religion: non merci. J’abhorre les religions organisées, il n’y a pas plus intolérants ni machistes que les gens religieux. On peut avoir une vie spirituelle et intellectuelle sans religion.
- avoir des enfants. Les plus riches peuvent se permettre d’élever Quitterie et Pierre-Eudes. Personnellement, je n’ai jamais été assez motivée pour faire un enfant. Trop de charge mentale pour moi. Dans certains milieux, c’est inimaginable de ne pas se reproduire. Pour moi, c’est juste « non ».
- utiliser un vocabulaire qui a pour vocation d’exclure. Il y a une certain façon de parler dans tous les milieux, c’est une évidence. Je fais de mon mieux pour de pas être une snob de la parole…
Et vous, qu’en pensez-vous?