Malgré le fait d’avoir vécu plus de deux années complètes à Dublin en Irlande, je me rends compte que j’ai rédigé peu d’articles pendant cette période. Pas le temps, pas la motivation.
La vie à long terme à l’étranger représente certains défis: trouver de nouveux repères, désapprendre les réflexes qu’on a acquis « chez soi », en apprendre de nouveaux, se former, refaire son réseau, essayer de garder contact avec le précédent réseau, sans compter le choc culturel et la pratique au quotidien d’une langue étrangère… J’ai trouvé l’expérience assez épuisante. Je ne vais pas me plaindre, car je ne me suis pas ennuyée (même pendant ma période d’inactivité professionnelle!).
Vivre à l’étranger était pour moi un objectif de vie. D’ailleurs, je souhaite y retourner. Ce n’est pas que je déteste ma vie ici en région parisienne. Mais j’ai envie d’autre chose à long terme. Je suis restée sur ma faim, ma dernière expérience ayant été un échec (pas sur toute la ligne, mais quand même), avec un retour précipité en France. Tout comme mon Working Holiday Visa non concluant à Sydney. Il faut dire que j’avais décollé pour l’Australie au moment de la chute de Lehman Brothers (prendre un avion un 11 septembre n’augurait rien de bon). Cela n’a pas aidé mon projet qui était déjà fragile par nature… Je m’imaginais autre chose, plus d’opportunités… La réalité d’être une migrante dans un pays assez xénophobe m’a très vite rattrapée! Combien de fois ai-je pensé que Marine Le Pen serait considérée comme une modérée au pays des Kangourous…
Je n’avais pas eu cette expérience quand j’avais été étudiante aux Etats-Unis – je ne venais que pour un semestre, il y avait une date de fin dès le départ et des projets par la suite (finir mon cursus en France)… J’ai fait plein de choses là-bas, malgré mes moyens limités de l’époque. J’étais avant tout étudiante.
Mes différentes expériences à l’étranger m’ont fait réfléchir sur les termes que j’emploie pour décrire mon identité. Aujourd’hui, je dis sans problème que j’étais une migrante, pas une « expatriée« . La notion d’expatriation est avant tout sociale et fiscale: il s’agit d’un salarié ayant un contrat dans un pays et qui va travailler pour une période définie dans un autre pays. Du coup, pour moi, dès qu’on a un contrat local, on est un migrant. Beaucoup de personnes vivant dans un autre pays que leur pays d’origine se déclarent comme « expatriées« . Curieusement, ils viennent de pays développés (un Américain en France, un Français en Irlande, un Britannique en Espagne…). Clairement pour moi, ce terme est devenu très « classiste« . Un Sénégalais venant s’installer en France ne se définira pas comme « expatrié« … Pour moi, c’est une question de savoir reconnaître ses privilèges. Donc il n’est pas impossible que je migre à nouveau. Je doute de décrocher un contrat d’expatriation un jour, c’est devenu très rare, notamment dans ma fonction…
Et vous, avez-vous vécu à l’étranger? Vous définiriez-vous comme migrant ou expatrié?