Carrière

10 ans après, rien n’a changé ou presque

En 2009, je rentrais de mon séjour en Australie, le moral au fond des chaussettes. J’avais planifié mon Working Holiday Visa courant 2008 et mon départ pour septembre 2008. J’étais partie de Paris en vendant mes meubles, et j’avais laissé mes autres affaires chez mes parents. Le plan était de partir un an, de trouver dans un premier temps un job puis de voyager dans cet immense pays. J’étais partie avec mes petites économies pour tenir plusieurs mois et surtout me faire plaisir et gagner une belle expérience à l’international, que je n’aurais pas manqué de valoriser à mon retour en France. Voire j’aurais demandé un autre WHV pour rester un an de plus. Dans mes rêves les plus fous, j’aurais trouvé une entreprise pour me sponsoriser pour un permis de travail. L’Australie me semblait idéale: climat agréable, pays anglophone, beaucoup de perspectives d’emploi, des autochtones cools…

Mais tout ne s’est pas passé comme prévu.

D’une part, j’ai vite compris qu’entre le fantasme et la réalité, il y a une certaine différence. L’Etat Australien vend du rêve à des dizaines de milliers de jeunes à travers le monde et encaisse des frais de visa, mais force est de constater que, sans contingent, il y a plus de postulants que de postes à pourvoir. Sur le marché local, la Française avec bon niveau d’anglais que j’étais était en concurrence avec des Néerlandais, Allemands, Taïwanais et autres Irlandais ou Britanniques pour des jobs en quantité limitée (sortis du Fruit picking au fin fond du Queensland). Quant aux Australiens, je n’ai pas vraiment pu tisser de liens avec eux. Non seulement ils ne sont pas très ouverts (ce sont des insulaires, quoi qu’on en dise) et surtout, ils sont racistes, sans aucun complexe. Marine Le Pen, là bas, c’est une modérée. La concurrence entre migrants jouait également beaucoup. Le climat ne m’a pas non plus convenu, ni la nourriture. J’ai assez vite détesté, quand j’y repense.

J’aurais eu une expérience différente si j’avais trouvé un travail mais: 15 septembre 2008, chute de Lehman Brothers, début d’une récession mondiale et contraction immédiate du marché du travail local. Non seulement les entreprises n’embauchaient pas mais elles mettaient leurs salariés à temps partiel pour réduire les dépenses. Autant dire que j’avais atterri en plein marasme… Après 2 mois de vaines recherches, j’ai décidé de voyager et de vivre sur mes économies. Et au bout de 4 mois en tout, je rentrais en France, espérant rebondir très vite. Hélas, 2009 marquait l’entrée en crise de mon pays natal.

J’ai abondamment renseigné cette recherche d’emploi sur mon précédent blog (j’ai exporté les meilleurs posts sur ce blog) et comme 10 ans après, je me retrouve dans une situation similaire (au chômage, à l’étranger), je ne peux pas manquer de faire un parallèle, même s’il y a heureusement des différences. Déjà, l’Irlande est nettement plus près de la France et je peux faire l’aller-retour « à la maison » sur 2 jours. Impossible avec l’Australie, d’un point de vue logistique et financier. Et je suis aussi dans une zone horaire moins lointaine, puisqu’il n’y a qu’une heure de décalage entre Dublin et Paris. Néanmoins, même si j’ai décroché quelques entretiens intéressants en Irlande, mon profil n’est pas spécialement recherché et il y a 80% de chances que je rentre en France. A quoi bon lutter contre le marché?

La façon dont je prospecte le marché du travail a finalement peu évolué. Il y a des candidatures actives (je vois une annonce et je postule) et des candidatures passives (je poste mon CV en ligne et j’attends qu’on m’appelle) et c’est une grande question de réseau (garder contact avec ceux qui peuvent aider à trouver un job). Je suis sur LinkedIn depuis 2006 mais pendant plusieurs années, il ne s’y est pas passé grand chose et lors de ma recherche de 2009, j’ai très peu utilisé ce réseau social.

A l’époque, les pistes que je décrochais entre recherche passive et active étaient équivalentes. Aujourd’hui, c’est très nettement les recherches actives qui sont les plus fructueuses. Les outils ont changé et les entreprises sont très précautionneuses avec leur budget et créent rarement des postes sur le marché caché (du moins dans mon domaine). Les seules pistes passives sont pour des CDD ou des missions d’intérim et je ne suis pas en mesure d’accepter juste une mission pour rentrer en France.

Les cabinets de recrutement se sont un peu améliorés, car je n’ai pas eu ces conversations lunaires avec des consultants qui voulaient me refourguer tout et n’importe quoi (anecdotes WTF disponibles ici ou ). Ou alors j’ai mûri et je n’ai pas peur de dire non (poliment, bien sûr) et d’éviter de perdre mon temps.

Les basiques sont néanmoins restés les mêmes. Il y a certes plus de canaux de diffusion d’offres (tels que Linkedin et Glassdoor) mais

  • Les recruteurs préfèrent les candidats en poste.
  • Les CVs ont une durée de vie de 6 mois maximum.
  • Les offres ont une durée de vie d’une semaine (mais maintenant, sur Linkedin ou Glassdoor, on peut savoir combien de candidatures ont été envoyées, ce qui donne une bonne idée de la concurrence)

La différence majeure en 10 ans est cette digitalisation du recrutement: les systèmes automatisés de recrutement (ATS: applicants tracking system) sont devenus la norme, tels que Workday, Taleo ou SuccessFactors. Les CVs sont passés à la moulinette de l’algorithme avant qu’un être humain ne les regardent.

Malgré toutes mes démarches et mon énergie dépensée, je n’ai pas encore abouti… Bon courage à moi!

PS: personne n’a réclamé de lettre de motivation manuscrite cette année. Donc les choses progressent dans le bon sens. Et les vieux consultants sont partis à la retraite, hourra!

7 réflexions au sujet de “10 ans après, rien n’a changé ou presque”

  1. Bonsoir, je suis tombé par hasard sur votre blog , je suis désolé que vous ayez perdu votre emploi.
    J’espère que vous retrouverez vite un emploi mais je vous conseille d’utiliser linkedin.
    Faites vous connaître auprès des recruteurs. Je suis étonnée que vous ne trouviez pas de travail en Irlande, vu de France on a l’impression que l’Irlande est un eldorado en matière d’offres d’emplois. Bon courage

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    1. Bonsoir Sandrine, l’Irlande affiche presque le plein emploi et c’est une destination attractive pour les jeunes diplômés. Il y a beaucoup d’opportunités pour des francophones juniors, notamment commerciaux et customer support MAIS j’ai plus de 15 ans d’expérience et je suis en concurrence avec des Irlandais à mon niveau de poste. Fatalement, hors des grosses multinationales qui attirent énormément de candidatures, mes opportunités sont limitées. J’utilise abondamment LinkedIn pour postuler et réseauter, mais la patience est de mise.
      Il ne faut pas oublier non plus que le coût de la vie est très cher à Dublin, avec un loyer mensuel moyen de 1875€. Beaucoup de candidats refusent des offres à cause du coût de la vie alors même que leur salaire augmente de 30% par rapport à leur pays d’origine. À mes yeux, aucun pays n’est un eldorado, malheureusement.

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