Alimentation, Perte de poids

Revue de régimes – N°1 : Le saut de repas

Première incursion dans le monde merveilleux de la haine de soi perte de poids, dans le cadre de ma série d’articles très personnels sur les régimes.

Ma croissance à peine achevée, je me suis désintéressée de l’activité sportive. Un amalgame de puberté, de parents toxiques et de profs malveillants, je ne vais pas m’étendre là-dessus, mais quand même, on ne peut pas parler d’expérience positive ni de bienveillance à cette époque-là. Il faut dire que ma mère, n’ayant pas perdu le poids de ses grossesses, était en surpoids qui faisait peser un risque sur sa santé. Elle allait voir un nutritionniste tous les 3 mois et se contentait de manger du riz toute la semaine avant la visite trimestrielle, se baffrant le reste du temps. A-t-elle rééquilibré son alimentation? Evidemment que non, les basiques de la nutrition n’étaient pas là. Elle a été élevée à la campagne, sans comprendre que la densité des aliments qu’elle mangeait par habitude était en adéquation avec des activités physiques difficiles et un climat très rigoureux. Pas la peine de manger comme un paysan non motorisé de Haute-Ardèche alors qu’on fait un job de bureau avec la clim et le chauffage et qu’on y va en voiture. J’ai donc vu ma mère se débattre avec ses problèmes de santé et ne pas réagir de façon intelligente et posée. Je dois que son influence néfaste s’est fait sentir de longues années. Ce n’était pas un bon exemple à donner à ses enfants et encore moins à ses filles.

En EPS, de « moyenne », je suis devenue « nulle ». Je me contentais de friser la moyenne, moi qui étais une très bonne élève dans les « vraies » matières. J’avais 15 de moyenne partout en seconde, sauf en sport, naturellement.

Mon prof de sport de terminale, un des deux ne m’ayant pas dégoûtée à vie de l’activité physique, m’avait mis 10, comme ça, je n’ai pas perdu de point pour le bac. Il m’aimait bien : c’est le seul prof qui suivait ma progression aux Dicos d’Or (les fameuses dictées de Bernard Pivot, ça n’existe plus, maintenant les gens s’autopublient en semant des dizaines de fautes d’orthographe ou de français dans chaque page ou chaque paragraphe pour certains). J’ai donc eu la moyenne en sport au bac grâce à mes compétences en orthographe.

Photo de Engin Akyurt sur Pexels.com

Comme toutes les adolescentes, j’ai été complexée par mon corps. J’étais dépassée par ma croissance (j’étais grande par rapport aux autres, je faisais déjà 1m60 en entrant en sixième) et par mes formes féminines. La puberté n’a pas été facile pour moi, même si elle est venue de façon plutôt progressive. Chez certaines camarades, la transition a été beaucoup plus violente. Je ne peux pas dire que j’ai été très soutenue par mes parents à ce moment-là, c’est même précisément à cette période que ma mère est passée en mode toxique. Plus de 20 ans après, elle n’en est pas sortie. Elle semble n’avoir toujours pas compris ni accepté que son enfant est devenue une femme.

Bref, pour donner un exemple, elle trouvait que j’étais trop grosse (objectivement et quand je vois les photos de cette époque, certes je n’étais pas maigre, mais je n’étais pas non plus en surpoids, même si j’avais de bonnes joues, j’avais un IMC tout à fait normal) et plutôt que de remettre en cause ses propres préceptes diététiques, puisque c’était elle qui cuisinait, elle me faisait culpabiliser et me hurlait dessus. Je me souviens de cette semaine de vacances à la mer, avec ma sœur et ma mère, où ma mère avait trouvé que c’était une riche idée de me faire sauter des repas et donc, je les accompagnais le soir sans dîner moi-même. Le regard désolé de la caissière alors que je ne prenais pas de plateau et que je regardais les autres manger. On reparle de maltraitance et de parents toxiques? Non, ça ne sert à rien, c’est le passé. Je n’oublierai pas.

Je venais de fêter mes 18 ans, j’avais déjà lu des tas de bouquins de diététique, j’étais abreuvée de magazines féminins (à l’époque, pas d’internet) et je détestais ce corps que je n’acceptais pas. Ma mère aurait dû mieux réagir, s’informer, s’éduquer, pour transmettre des bons réflexes à ses enfants. C’était trop lui demander. C’est toujours trop lui demander, elle n’a pas compris que les enfants, ça s’éduque avec bienveillance, ça ne se dresse pas comme un chien. Quant à mon père? Démissionnaire sur la question. Le principe à la maison c’était « fais pas chier ».

Vous voulez un scoop? Sauter des repas, ça ne fait pas mincir! La nutrition, c’est une affaire d’équilibre, de plus et de moins, de densité calorique des aliments, d’appétit, d’appétences… Mais surtout, ça devrait être un plaisir et un réflexe et non pas une corvée et des restrictions.

Et vous, comment avez-vous vécu votre adolescence au niveau poids?